Bertrand Cuiller, claveciniste

Né en 1978, il a appris le clavecin auprès de sa mère puis de Christophe Rousset et Pierre Hantaï, obtenu à 19 ans le 3e prix au concours international de clavecin de Bruges, et en 2001 le Diplôme de Formation Supérieure au CNSM de Paris.

Il se produit en soliste dans des lieux prestigieux comme Les Folle Journées de Nantes, La Roque d’Anthéron, Saintes, Utrecht, Sablé ainsi qu’aux Etats-Unis et au Japon.

Les activités de Bertrand Cuiller comme soliste ou continuiste au sein des Basses Réunies ou de la Rêveuse l'amènent à jouer dans de nombreux pays et des festivals prestigieux. Il a également participé à des productions d'opéra avec Les Arts Florissants, Le Concert Spirituel, Stradivaria et Le Poême Harmonique.

Ses CD sont salués par la critique : "Pescodd Time" (Alpha 86 : Diapason d'or - Choc du Monde de la Musique), les Concerti pour clavecin de JS Bach (Mirare 085 : Choc Classica de l'année 2009). Le dernier paru, Scarlatti-Soler (Alpha 165), vient d'obtenir le Choc Classica.

 

Ensemble musical

www.lesbassesreunies.com

Site internet de Bertrand Cuiller

www.bertrandcuiller.com

Bertrand Cuiller - Vivaldi

Le Chant du jour

Bruno Cocset, violoncelliste

Né en 1963 et il vit à Baden ( Morbihan).

Il est diplômé du Conservatoire National de Région de Tours dans la classe de Didier Aubert (Médaille d'or en 1979).

Reçu au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon en 1980, il y sera l'élève d'Alain Meunier, puis de Jean Deplace dont il quitte la classe en  mars 1983 en raison de divergences stylistiques.

Il aborde le violoncelle baroque et le jeu sur cordes en boyau en autodidacte, puis avec Christophe Coin, devenant le premier élève diplômé de sa classe au Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse de Paris (1er Prix à l’unanimité en 1986).

Il suit également les master-classes du violoncelliste Anner Bijlsma et du violoniste Jaap Schroeder.

En "violoncelliste nomade" de la scène baroque, il vit alors vingt années riches d'expériences et de confrontations musicales : Les Arts Florissants, Mosaïques, Fitzwilliam, l'Ensemble Baroque de Limoges, Le Concert Français, La Petite Bande, Les Musiciens du Louvre, Les Talens Lyriques, Arsys, Ricercar Consort, l’Arpeggiata, Stradivaria, l'Amoroso, Al Ayre Espanol, Henri Ledroit, Véronique Gens, Maurice Bourgue, Franz Brüggen, Gustav Léonhardt, Jos Van Immersel, Jean-Claude Malgoire, Philippe Herreweghe…

Ses "ports d'attaches" les plus fidèles sont Il Seminario Musicale (Gérard Lesne) 1988-2004, et le Concert des Nations et Hesperion XX-XXI (Jordi Savall) 1990-2005.

En 1996 il fonde Les Basses Réunies et autoproduit son premier enregistrement soliste : les sonates d’Antonio Vivaldi. Ce disque que le label Alpha accueille dans sa collection reçoit le "Premio Vivaldi" de la fondation Cini à Venise.

Six autres enregistrements sont réalisés : Barrière, Bach (suites), Frescobaldi, Boccherini, Geminiani, Bach (sonates), tous saluées par la presse musicale française et internationale. Ainsi il est régulièrement invité à jouer ces programmes en France, en Europe, au Québec, et en Russie.

Chacun des projets discographiques est relié à une recherche sonore et organologique avec le facteur et luthier Charles Riché. Grâce à cette quête d'unir geste instrumental et geste musical tout en explorant un  répertoire toujours plus vaste, neuf instruments vont naître de leur collaboration : plusieurs violoncelles, et un consort de violons du 17ième siècle "a la bastarda".

Aujourd'hui, en musicien chercheur, Bruno Cocset propose ainsi un violoncelle  "pluriel". Il se consacre exclusivement à cette voie  et à l'enseignement : depuis 2001 au CNSM de Paris où il partage la classe avec Christophe Coin, ainsi qu’à Barcelone à l’Ecole Supérieure de Musique de Catalogne (ESMUC) où il  crée la classe de violoncelle historique en 2002. En septembre 2005 il est nommé professeur à la Haute Ecole de Musique de Genève.

Il donne aussi depuis 1988 de nombreuses master-classes : à la Fondation  Royaumont, dans les Conservatoires de Bayonne, Caen, Strasbourg et Vannes (France), à San-Felliu de Guixols (Girona-Espagne),  St Petersbourg (Russie),  Prague (République Tchèque),  Bucarest et Cluj (Roumanie).

 

Ensemble musical

www.lesbassesreunies.com

Vannes Early Music Institute: Centre de musique ancienne VEMI

www.vemi.fr

Bruno

Le Chant du jour

Les figures et symboles de la mythologie nietzschéenne

Zarathoustra

Nietzsche choisit paradoxalement le nom avestique de Zoroastre (VIIe siècle avant J.-C.), le prophète réformateur de la religion mazdéenne – religion dualiste fondée sur l’antagonisme du bien et du mal – pour désigner le «premier immoraliste» qui professe une doctrine «extra-morale», au-delà du bien et du mal. Zarathoustra est le prophète alcyonien qui enseigne à l’humanité (qui n’en veut pas) les doctrines complémentaires du surhomme et de l’éternel retour du même. Le philosophe en fait même (comme de Dionysos) le «père» du surhomme; mais, tenant du lion plutôt que de l’enfant, Zarathoustra le danseur n’est que l’ultime porte-parole de Dionysos.

*d’après Les figures de la mythologie nietzschéenne – L’express.fr

 

L’aigle *

Celui qui vole, le plus noble des animaux, symbolise l’autre monde, celui de la métaphysique et des religions traditionnelles.

*d’après Les figures de la mythologie nietzschéenne – L’express.fr

 

Le serpent d’après Gilles Deleuze

Le serpent est enroulé au cou de son ami l’aigle. Tous les deux expriment donc l’éternel Retour, comme Alliance, comme anneau dans l’anneau, comme fiançailles du couple divin Dionysos-Ariane. Mais ils l’expriment de manière animale, comme une certitude immédiate ou une évidence naturelle. Le serpent déroulé exprime ce qu’il y a d’insupportable et d’impossible dans l’éternel Retour, tant qu’on le prend pour une certitude naturelle d’après laquelle « tout revient ». Le serpent, l’animal rampant, le plus rusé, est le «sens de la terre».

 

Apollon et Dionysos d’après Dorian Astor

Apollon, la vie se donne comme une création d’images et de formes individuelles, de limites et de mesure – c’est le principe apollinien de l’apparence.

Dionysos, la vie est flux et devenir perpétuel, démesure, excès aveugle, réalité supra-individuelle – c’est le principe dionysiaque de la métamorphose.

Ainsi l’apollinien est la puissance de régulation du dionysiaque, et le dionysiaque, la puissance du débordement de l’apollinien. Nietzsche exprime cet antagonisme constitutif de tout ce qui vit en une série d’analogies : opposition psychologique entre l’état de rêve et l’ivresse ; opposition métaphysique entre le monde conçu comme une apparence illusoire et le monde conçu comme instinct aveugle ; opposition esthétique entre les arts visuels et plastiques (dont la poésie épique, où l’homme se contemple dans un mythe) et les arts non plastiques, essentiellement la musique (sous forme de dithyrambe, où l’homme fait l’expérience, par le chant et la danse, d’une transe collective)…

Pour reconquérir le dionysiaque, Nietzsche réunit peu à peu les deux principes antagonistes en un seul dieu tandis qu’Apollon disparaît des textes, Dionysos recueille l’essentiel des qualités apolliniennes. Il devient la force primordiale de l’univers, le principe porteur de la réconciliation entre être et apparence, vérité et illusion. Si bien qu’à la fin de sa vie, Nietzsche fait de Dionysos une nouvelle figure du « rédempteur » opposé au « Crucifié ».

 

Ariane d’après André Stanguennec*

Ariane et le labyrinthe:

Ariane a d’abord aidé Thésée à vaincre le Minotaure. Or, le Minotaure n’était autre que Dionysos-taureau lui-même…Le « fil d’Ariane » est le désir d’éternité de l’âme humaine qui sauve l’esprit rationnel et lui permet de nier le Temps de la terre, vu alors comme un passage, destruction, négation, dissociation. Mais Ariane c’est aussi, en raison de la spécificité de l’âme humaine, celle du discours, le « fil du discours », fil d’un discours « éclairant » le labyrinthe, celui de la « raison »…

La pelote de fil fournie à Thésée par Ariane n’est pas, selon la légende, la seule aide qu’elle dispensa : le rayonnement de sa couronne lumineuse était si puissant qu’il éclairait les détours du labyrinthe. C’est ce « fil de lumière » qui donne courage et intelligence (mémoire) à Thésée, en lui permettant de remonter du labyrinthe vers la surface de la terre sur laquelle il établit son règne…Ainsi, l’Eternité promise par Thésée est l’immortalité de l’âme supra-temporelle, une Eternité au dessus du temps…

Qui à part moi sait ce qu’est Ariane?» (Ecce Homo). Tant qu’elle aime Thésée, contre-image du surhomme, et qu’elle le guide hors du labyrinthe, Ariane n’est que le symbole de l’inventivité humaine. Ce n’est qu’une fois qu’elle forme avec Dionysos-Taureau le couple érotique présidant à la naissance de l’éternel retour et du surhomme, qu’elle devient pleinement elle-même: l’Anima, l’esprit capable de dire «oui».

Ariane et Dionysos :

Si l’humanité peut dire l’éternité en s’unissant à elle par le discours, c’est parce qu’elle peut l’entendre, ce qui signifie tout à la fois l’écouter et la comprendre. Les oreilles d’Ariane symbolisent cette « écoute compréhensive » de l’être en tant qu’éternel retour et volonté de puissance.

Nietzsche y fait référence en de nombreux passages. Les « petites oreilles » d’Ariane, réconciliée avec Dionysos après Naxos, sont capables d’écouter et de comprendre le cercle de l’éternel retour. Elles ont la structure circulaire et réticulée du labyrinthe du monde lui-même, dont elles imitent la forme. Les oreilles d’Ariane sont à l’opposé des grandes et des longues oreilles de l’âne qui n’est capable d’entendre et de répéter que des significations simples, abstraites, des « grands mots », ceux des sagesses métaphysiques et des religions de la transcendance…

Ses oreilles sont capables d’entendre le message murmuré par Dionysos, d’accueillir le sens de sa sagesse : « sois intelligente Ariane ! Tu as de petites oreilles, tu as mes oreilles : mets-y une parole intelligente …je suis ton labyrinthe… ». Ariane entend le message de Dionysos et en retour, par son affirmation humaine, lui adresse une parole « avisée », celle qui lui correspond en vérité. Ils échangent leurs « oui » en une alliance dont le surhomme sera le fruit.

 

Le monde : Ordre et Chaos d’après André Stanguennec

Le monde est ordre et « aussi » chaos : ce qui en signifie la fascination sacrée, c’est que l’ordre organique et la loi géométrique n’y sont que des perspectives étroitement et provisoirement locales, nées au sein d’un chaos tempétueux et écumant qui continue de coexister à coté d’elles. L’ordre est inséparable, de fait, du chaos et réciproquement…

…Ceci posé, qui est essentiel, le monde n’en a pas moins en lui-même un sens. Avoir un sens, c’est avoir une orientation et une signification. Or, les forces qui animent le monde nietzschéen ont une orientation constante. Elles sont orientées fatalement, depuis la plus petite d’entre elles, par la volonté de puissance.

*Le questionnement moral chez Nietzsche- Presses Universitaires du septentrion 2005.

 

Les cloches et les volcans d’après Paolo D’Iorio*

Les cloches :

Ce sont des souvenirs anciens et profonds qui expliquent pourquoi dans le son des cloches, Nietzsche entend toute la mélancolie. A ce son qui représentait le bonheur de l’enfance, la maison, la famille, allait s’associer désormais l’horreur de la mort : « Enfin, au bout d’une longue période, l’effroyable se produisit : mon père mourut ».

Cette mélodie du temps, enfantine et effroyable et si mélancolique deviendra les douze coups de Minuit : la cloche du nihilisme d’Ainsi Parlait Zarathoustra. Le vieux bourdon de Minuit aussi se transformera dans « le Chant d’ivresse » en cloche d’azur de l’innocence : « Voici que mon monde est devenu parfait, Minuit c’est aussi Midi, la douleur est une joie aussi, la malédiction est bénédiction, la Nuit est un Soleil aussi ».

Les volcans :

A Sorrente, de la terrasse de la Villa Rubinacci où il séjourne en 1876, Nietzsche a pu observer le Golfe de Naples.

Certes le Vésuve ne se trouve pas sur une île mais si on le regarde depuis Sorrente, il semble former une île à droite, un pendant à l’île d’Ischia qui se trouve sur la gauche. Chacune est volcanique : même sans ce que nous apprennent les brouillons, on reconnaît clairement dans la description de l’île du chien de feu, le mont Vésuve (Le Vésuve dans la toile « La joie 114 x 146 cm» image de l’abris-bus avec Dionysos-Apollon-le serpent). Elle représente tous les démons « de la révolte et du crachat », éruption du volcan qui détruit la ville, momifie ses habitants (Pompéi), renverse les statues et change tout pour que rien ne change.

Le volcan de l’île Ischia, modèle des îles bienheureuses habitées par les esprits libres, est un instrument de transformation graduel qui sert à mettre en mouvement et à accélérer un processus de croissance (Il est représenté dans la toile « Hiver 81 x 100 cm » du Chant des Saisons : un soleil rose-pâle se lève à l’aube d’un nouveau jour).

*Le voyage de Nietzsche à Sorrente. Cnrs Editions 2012.

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Nicolas Poussin et Friedrich Nietzsche

Bernard Bouin explique les liens entre Poussin et Nietzsche

 

J’aime « les quatre Saisons » de Nicolas Poussin du Musée du Louvre... Avec ces quatorze tableaux inspirés par les œuvres de Nietzsche et de Richard Strauss ("Ainsi parlait Zarathoustra" par Bernard Bouin), j’ai aussi voulu aussi rendre un hommage à l’œuvre de Nicolas Poussin.

Avec ces textes , je voulais montrer ce qui les rassemble : leur goût pour Héraclite, les dieux grecs anciens. Ils étaient tous les deux des admirateurs de Montaigne.

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Tommaso Campanella et Héraclite – Alain Mérot*

Ce dominicain, protégé par les Barberini et Cassiano Dal Pozzo, lié aux « libertins » français et poursuivi par l’inquisition, professait des idées d’une grande hardiesse. Sa cosmogonie repose sur l’union des contraires. Pour lui, l’univers est gouverné de par une force immanente, dérivée du soleil, le spiritus (qui rappelle le pneuma des stoïciens). Principe de chaleur et de génération, il s’unit à la terre, d’où procèdent le froid et la corruption, et engendre ainsi la vie, selon un cycle infini de naissances et de destruction…Par de là Campanella et son héliocentrisme, Poussin rejoindrait la cosmologie d’Héraclite, qui conçoit le l’univers comme le résultat harmonieux d’un équilibre entre amour et répulsion, le chaud et le froid, le sec et l’humide, etc., et d’une incessante transmutation des trois éléments de base, l’eau, la terre et le feu…

* Poussin – Editions Hazan

Les quatre saisons de Nicolas Poussin (1660 – 1665) – Pierre Rosenberg*

Ce dominicain, protégé par les Barberini et Cassiano Dal Pozzo, lié aux « libertins » français et poursuivi par l’inquisition, professait des idées d’une grande hardiesse. Sa cosmogonie repose sur l’union des contraires. Pour lui, l’univers est gouverné de par une force immanente, dérivée du soleil, le spiritus (qui rappelle le pneuma des stoïciens). Principe de chaleur et de génération, il s’unit à la terre, d’où procèdent le froid et la corruption, et engendre ainsi la vie, selon un cycle infini de naissances et de destruction…Par de là Campanella et son héliocentrisme, Poussin rejoindrait la cosmologie d’Héraclite, qui conçoit le l’univers comme le résultat harmonieux d’un équilibre entre amour et répulsion, le chaud et le froid, le sec et l’humide, etc., et d’une incessante transmutation des trois éléments de base, l’eau, la terre et le feu…

* Dictionnaire amoureux du Louvre – Plon

Les Saisons de Poussin et les dieux anciens – Alain Jaubert*

Le printemps, c’est en même temps l’Aube de l’humanité, c’est le lever du jour placé sous le signe d’Apollon, le dieu solaire, le feu.

L’été, c’est la maturité de l’Homme, c’est la terre, c’est midi, celle des moissons placé sous le signe de la déesse Cérès (Demeter). L’automne c’est aussi l’automne de la vie, le début du déclin, la vendange, est placée sous le signe de Bacchus (Dionysos) dieu du vin et de l’ivresse.

L’hiver, c’est la fin de la vie, la fureur des eaux déchainées est marquée par Pluton.

Ainsi les quatre phases, les quatre parties du jour, les quatre phases de la rédemption,  les quatre âges de la vie, les quatre éléments, tous les thèmes sont liés à leur tour à quatre épisodes bibliques et à quatre dieux antiques et se recombinent dans l’idée du retour cyclique.

Poussin était adepte de la théorie des modes musicaux et architecturaux qui venaient de la tradition grecque pythagoricienne.

Un sujet devait être sous la dominante d’un mode et dans une série, il fallait alterner les temps forts et les temps faibles.

Cette façon d’organiser une série en modulant les éléments du décor, personnages, thèmes et symboles fait songer à la musique et cette forme en quatre mouvements caractéristiques du classicisme musical annonce la sonate ou la symphonie qui feront leur apparition peu après Poussin.

Poussin est proche d’une vision panthéiste, comme si le peintre cherchait à se fondre dans un ordre plus vaste, celui de la Nature. Il reprend à son compte cette

vision virgilienne : il y a une analogie entre l’Histoire individuelle et  l’Histoire du Monde.

Sur le bord de la dernière toile figure le serpent, une sorte d’animal fétiche que Poussin montre dans des dessins et une vingtaine de tableaux (…)

Le serpent fascinant est là comme un symbole, de la menace, de la terreur et de la mort, mais aussi un signe de renouvellement du cycle. N’est-ce pas lui, qui caché dans le feuillage du printemps, conseillera à Eve de gouter le fruit défendu afin que tout recommence. Le serpent est aussi l’ultime signature de Poussin, zigzag jeté en écho à l’éclair divin qui déchire le ciel…

* Nicolas Poussin les Quatre saisons extraits – Palettes Arte Vidéo.

Le serpent de Poussin – Alain Mérot*

Le serpent occupe une place de choix dans l’univers poussinien. On s’est interrogé sur le sujet du Paysage aux deux nymphes de Chantilly : la clef en est sans doute l’énorme serpent en train de dévorer un oiseau, emprunté à la mosaïque de Palestrina…..Symbole ambivalent, il évoque le monde souterrain et la mort, mais aussi l’éternel recommencement, la promesse du renouveau – et c’est ainsi qu’il apparaîtra une dernière fois dans Le Déluge. Alors que dix ans auparavant le peintre étudiait dans le Paysage avec un homme tué par un serpent les  « effets de la terreur », il semble maintenant acquiescer à l’ordre du monde, où la mort est indissociable de la vie… Poussin a peut-être donné là son ultime vision de l’Arcadie : la présence de la destruction au sein du bonheur n’est plus évoquée sur le monde tragique ou élégiaque, mais sous une lumière égale et comme éternelleEt le cataclysme du déluge est moins une punition divine que la fin d’un cycle qui pourra recommencer – comme l’indique le puissant serpent qui rampe au premier plan….

* Poussin – Editions Hazan

Le serpent de Nietzsche et le mythe adamique – André Stanguennec*

La tripartition Thésée – Ariane – Dionysos est homologue de la tripartition Jahvé – l’humanité (Adam et Eve) – le serpent. Or la figure du serpent est l’un des symboles forts de Zarathoustra. Nous pouvons nous-mêmes « essayer » de déchiffrer le texte de la Genèse à la lumière de l’hypothèse de Dionysos. Que le serpent propose, par la consommation d’un fruit, la connaissance du Bien et du Mal, est fort compréhensible, dans une relecture dionysiaque-généalogique du mythe adamique. C’est ici que nous saisissons la fonction morale du serpent dionysiaque. Connaître le Bien et le Mal, c’est éventer le secret de Yahvé : loin d’être « créateur » du monde et de l’homme, ce dernier n’a en vérité imposé son règne qu’après avoir vaincu les monstres terrestres, chtoniens et marins, qui assuraient leur règne bien avant le sien. Tel est le secret que Yahvé interdit que l’on connaisse : antérieures à sa victoire et menaçant sans cesse de reprendre le dessus, ont régné les puissances de « l’abîme …Le serpent dionysiaque est leur messager, lui qui, sans forme à priori, se coule dans les méandres infinis du réel, parcoure tous les détours des labyrinthes, se plie et se replie au gré des circonstances infiniment hasardeuses du monde. Le serpent est donc Dionysos proposant de révéler à l’humanité (d’abord à Eve-Ariane) le secret, en fait le mensonge de Yahvé quant à l’origine des valeurs du bien et du mal…Dans l’éthique de Yahvé, Eve fut d’abord soumise à Adam, lui-même soumis à Yahvé, comme Ariane le fut à Thésée, lui-même soumis à Zeus dans le mythe grec : la raison domine et enchaîne la sensibilité. C’est par l’intermédiaire Eve – Ariane que le principe terrestre renverse cette domination. Ariane désirant l’éternité, est séduite par le serpent Dionysos qui lui donne l’éternité terrestre….

* «Le questionnement moral de Nietzsche» Presses Universitaires du Septentrion 2005

A propos de l’Eternel retour de Nietzsche – Jacques Darriulat*

L’éternel retour est surtout le retour de l’éternité par le bonheur de la création. Telle est sans doute la raison pour laquelle l’extase de Silvaplana (de Nietzsche), préfigure de la révélation de l’éternel retour, se réfère au tableau du Poussin,

« Et in Arcadia ego ».

Il faut comprendre que ce n’est pas le monde qui ressemble alors à l’image inventée par le peintre, mais inversement que c’est l’image du peintre qui nous révèle la surnaturelle magnificence de la terre. Le regard de Poussin ou de Claude nous a appris à considérer la terre comme un paradis illuminé par une gloire plus qu’humaine, à vivre au sein de la nature (l’idylle), malgré la mort, dans l’éternité du mythe (l’héroïsme) : « Il fallait sentir (empfinden) comme Poussin et ses élèves : à la fois d’une façon héroïque et idyllique ». L’art est le révélateur de l’éternité, et l’artiste nous intéresse à la vie [..]. Cette thèse, de la transfiguration du monde par l’art, de sa recréation par l’invention de nouvelles « valeurs », retourne la maxime classique : ce n’est pas l’art qui imite la nature, c’est inversement la nature qui imite l’art. Elle n’est pas propre à Nietzsche, mais inspire alors de nombreux esprits, parmi les plus subtils et les plus artistes.

* « Deviens qui tu es »

L’Eternité terrestre de Nicolas Poussin – Bernard Bouin

Le serpent du déluge de Poussin n’est sans doute pas celui de l’Eternel Retour de Nietzsche, mais il existe des correspondances entre leur vision du Monde. Les sources surement, Héraclite et la fréquentation des dieux grecs anciens mais surtout l’observation attentive de la Nature et son cycle infini de naissances et de destructions….et le serpent. Les dernières toiles de Nicolas Poussin, dont les Saisons dans lesquelles Poussin nous donne « son ultime vision de l’Arcadie » (la présence de la destruction au sein du bonheur n’est plus évoquée sur le mode tragique ou élégiaque, mais sous une lumière égale et comme éternelleAlain Mérot), nous laissent penser que le grand peintre avait atteint l’éternité terrestre….

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Richard Strauss – Inspiration musicale « Ainsi parlait Zarathoustra »

Pour la réalisation de son œuvre picturale "Ainsi parlait Zarathoustra", Bernard Bouin a commencé par l'écoute de l’œuvre de Richard Strauss "Ainsi parlait Zarathoustra", elle même inspirée de l’œuvre de Nietzsche.

Vous retrouverez ci-dessous des textes, sélectionnés par Bernard Bouin, concernant Richard Strauss.

 

Lettre de Glenn Gould à M. Leonardo Bernstein New York City le 13 décembre 1961

[…] De mon côté, j’ai bernsteinisé dans toutes sortes de directions et viens d’écrire un plaidoyer monumental en faveur de mon héros de toujours, Richard Strauss.

Mes vues seront exposées à l’opinion publique dans le numéro de mars de High Fidelity. Elles feront s’écarquiller bon nombre de sourcils, mais il fallait que cela soit dit.

Cela, c’est le fait que j’ai la conviction que Strauss est de loin la plus grande figure de la musique du XXè siècle […].

 

Richard Strauss, le courage d’être seul par André Tubeuf *

Il fut pourtant ce marginal, outsider, Aussenseiler, travaillant à maintenir l’écoute de l’héritage mozartien dans un monde qui, à force de bruit et de fureur, n’en voulait plus et, bientôt, ne saurait plus. Strauss a d’abord montré, et à son heure, en quoi il était moderne (et en avance) : ensuite il n’a plus songé qu’à aller au bout de son propre programme, et il y est allé seul, indifférent à l’évolution des autres, douloureusement fermé aux tourmentes de l’Histoire.

*Offrande musicale Editions Robert Laffont.

 

Richard Strauss, homme de grande culture par Geneviève Deleuze*

Entre vingt et trente ans, Richard Strauss lut Shakespeare, Schopenhauer, étudia Nietzsche de près.

« On ne pouvait pas toujours suivre tous les sujets de conversation de Strauss : il fallait être aussi fort en littérature qu’en musique pour pouvoir rivaliser avec lui. Il connaissait la littérature allemande mieux que tout autre musicien…, il savait Faust par cœur. La littérature russe n’avait pas de secret », selon de témoignage de Karl Böhm…Les visions poétiques des textes de Nietzsche lui offraient « un grand plaisir esthétique », écrit-il dans une lettre adressée en 1946 à Martin Hürlimann.

« En lisant Schopenhauer, Nietzsche ou un livre d’histoire, il m’arrive d’éprouver le désir irrépressible de me mettre au piano », écrit Richard Strauss en 1895 dans sa réponse au questionnaire que lui a adressé l’écrivain Friedrich von Hausegger sur la nature de sa création artistique.

Voilà donc la première source d’inspiration du compositeur, un texte littéraire.

On sait qu’un poème symphonique, Tondichtung, est une composition pour orchestre en un seul mouvement, élaborée à partir d’un élément étranger à la musique d’ordre poétique, descriptif, légendaire, philosophique.

« Dans ma pensée, j’ai bien voulu exprimer, jusqu’à la fin de la Symphonie (lapsus de Strauss !), l’impuissance du héros à se satisfaire, ni par la religion, ni par la science, ni par l’humour en face de la nature », déclara Strauss à Romain Rolland.

Strauss, bien que capable de discuter pendant des heures de l’enseignement de Zarathoustra, n’a jamais envisagé de faire de son poème symphonique un traité de philosophie.

La structure du poème symphonique

Données de base du poème symphonique de Strauss : la puissance sonore, des antagonismes pharamineux, une jubilation dionysiaque.

La structure de l’œuvre musicale est issue du texte de Nietzsche. Strauss choisit huit des titres de chapitre d’Ainsi parla Zarathoustra qu’il organise en quatre épisodes musicaux suivis chaque fois d’un développement thématique qui peut être considéré comme un conséquent de la période précédente, son corollaire en quelque sorte.

Antagonisme des tonalités, antagonisme des éléments thématiques

S’opposent d’emblée deux tonalités : Do Majeur symbolique de la Nature, Si Mineur symbolique de l’Esprit humain.

L’antagonisme des tonalités est développé par celui du matériau thématique qui semble issu essentiellement de deux éléments, le Do-Sol-Do, en Do Majeur, le thème de La Nature, de l’Univers qui débute l’œuvre et celui de l’Homme, de l’Ame Humaine en Si Mineur, exposé au début du premier épisode. Diatonisme réduit à deux notes pour le premier, chromatisme en devenir dans la mélodie du second ; Tous les motifs en arpèges dérivent du premier, tous les motifs chromatiques dérivent du second.

« J’ai simplement voulu montrer qu’il est impossible de réunir Si mineur et Ut majeur. L’ensemble de la pièce se livre à une démonstration de toutes les tentatives possibles, mais cela ne marche pas. Voilà tout ! » (Richard Strauss au Dr Anton Berger en 1927)

Le plan harmonique de l’œuvre, complexe, annonce la destruction de la tonalité.

Les dissonances sont irrésolues et Ut et Si organisent autant qu’ils déstabilisent.

Les épisodes s’enchainent par association des idées musicales, par leur dissolution, déconstruction souvent accompagnée d’une diminution de la sonorité ou au contraire de son exaspération liée à celle de l’écriture, art consommé de la métamorphose, de la mystification qui donne une signification opposée aux mêmes motifs.

Une écriture symphonique virtuose

Virtuosité du traitement thématique, des contrepoints, écriture symphonique somptueusement délirante, qui considère pourtant chaque pupitre comme un personnage collectif et chaque instrumentiste comme soliste, virtuosité qui autorise à concevoir Ainsi parla Zarathoustra comme un concerto pour orchestre.

« Zarathoustra est magnifique, de loin la plus importante de mes œuvres, la plus parfaite de forme, la plus riche de contenu et la plus personnelle de caractère.[…] Le thème de la passion est irrésistible, la fugue à vous faire froid dans le dos, le chant de la danse simplement délicieux. Je suis au comble du bonheur.[…] Je suis un homme heureux après tout » - Richard Strauss dans une lettre adressée à Pauline, son épouse, le 27 novembre 1896 à la fin de la générale avant la création.

* Opéra et Orchestre National de Montpellier Languedoc-Roussillon.

 

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Volets mobiles

Les polyptyques à volets mobiles

par Lydia Harambourg

Paris - Galerie Visconti (2001)

Les peintures récentes de Bernard Bouin, fidèle au lieu qui l' accueille pour la neuvième fois, constituent une sorte d' arrêt sur image. L'artiste cherche par observation méthodique à saisir les rapports secrets qui se tissent entre nous et les êtres et les choses.

Il nous livre cette intimité en recourant au principe du diptyque, du triptyque ou du polyptyque, dont il nous faut ouvrir les panneaux pour suivre la narration. L'effet visuel se fonde sur le jeu de la dissimulation et de la révélation comme en témoigne le polyptyque " Que sont les anges devenus ? " La fenêtre, donnant sur le paysage qui offre dans sa totalité une fois les panneaux ouverts, élargit l'espace alors que la lumière diffuse unifie chaque élément du tableau qui fonctionne comme un révélateur.

Si le travail d'ombre et de lumière à partir de petites touches finement dégradées dans une matière lisse et voluptueuse contribue au mystère d'une réalité ainsi transfigurée , les signes à déchiffrer sont autant de clés qui nous permettent d' accéder à la vision du monde que le peintre nous propose .

Et si tout était rêvé ? La discrète sensualité, l'attente des personnages solitaires, le temps figé dans un éclairage diurne ou nocturne créent des impressions que le pinceau inscrit pour abolir le passé et le futur.

Chez cet artiste, la figuration fonctionne comme un code. Elle lui permet de piéger l'inexplicable, la beauté comme l'éternité.

[ Gazette de l'Hôtel Drouot 5 Octobre 2001 ]

 

Que sont les anges devenus ?

Que sont les bergers d'Arcadie devenus ?

Les saisons - Printemps

Les saisons - Eté

Les saisons - Automne

Les saisons - Hiver

L’Encan La Rochelle, 2015

 

20, 21, 22  Novembre 2015

Salon Arts Atlantic

L'Encan

La Rochelle évènements

Le Chant du Jour

Peintures de Bernard Bouin

Vidéo d' Olivier Bouin

avec des enregistrements musicaux

de Bruno Cocset et les Basses Réunies

J' ai été invité par La Rochelle évènements à présenter « Le Chant du Jour » dans un espace 140 m2 qui a été créé à cet effet pour recevoir les grands polyptyques dans le cadre du Salon "Arts Atlantic".

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La vidéo d'Olivier Bouin avec la musique choisie et enregistrée par Bruno Cocset et les Basses Réunies d’une durée de 14’03 a été diffusée dans ce même lieu.

Le Chant du Jour

Installation peinture-musique

 

Aube Polyptyque 114 x 730 cm

Aube - Polyptyque 114 x 730 cm

J.S Bach :Choral  Nun Komm, der heiden heiland BWV 659

Séquence vidéo durée 3'26

Midi Polyptyque 114 X 730 cm

Midi - Polyptyque 114 x 730 cm

Domenico Gabrielli : Sonate en la

Séquence vidéo durée 3'36

Crepuscule 114 x 730 cm

Crépuscule - Polyptyque 114 x 730 cm

Girolamo Frescobaldi :Canzone Vigesimaquarta

Séquence vidéo durée 3'06
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Nuit/Chaos – 307 x 213 cm

J.S Bach : Suite no 5 pour violoncelle seul BWV 1011 - Sarabande

Séquence vidéo durée 3'50

 

A propos du chant du jour

Editions de la Différence – Paris, 2015

1 au 30 Octobre 2015

Editions de la Différence

30 rue Ramponeau Paris 20è

L'Après-Midi d'un Faune

Peintures et vidéo de Bernard Bouin

d'après un poème de Stéphane Mallarmé 1865 – 1876
et
la musique de Claude Debussy 1892 – 1894

 

 

Enregistrement musical de la vidéo

Ernest Ansermet

Orchestre de la Suisse Romande

André Pépin, flûte-solo

Genève, Victoria-Hall

Toile 1

Peinture 1 - 114 x 146 cm - Huile sur toile

Ces nymphes, je les veux perpétuer.
                                                           Si clair,
Aimai-je un rêve?

Orphée La Différence

Orphée La Différence

 

Vidéo

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Musée des Beaux Arts de Vannes ( 56000), 2015

Du 5 Juin 2015 au 4 Octobre 2015

Quatre natures mortes de Bernard Bouin dans l’exposition qui a lieu en ce moment au Musée des Beaux Arts dans le cadre de l’exposition:

« Vivant Végétal ».

L’exposition  Vivant Végétal s’apparente à une cueillette. Elle fait dialoguer des expressions aussi diverses que la sculpture, la peinture, le dessin, les images vidéo, les installations, mais intègre également des pièces choisies dans les collections anciennes du fonds d’histoire naturelle.

La nature morte aux légumes de Georges Levreau ( à droite) appartenant aux collections anciennes du musée, dialogue avec les natures silencieuses de Bernard Bouin (à gauche).

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Catalogue Vivant Végétal

Très beau catalogue de l’exposition en vente au Musée Prix 25 euros

Beau texte  » Natures Silencieuses  » de Philippe Roy

sur les natures mortes de Bernard Bouin

Page 60 du Catalogue.

La Cohue, Musée des Beaux-Arts 9 et 15 Place Saint-Pierre
ouvert tous les jours, de 13h30 à 18h – tél 02 97 01 63 00