Chapelle des Ursulines – Lannion, 2004

La Ronde des jours

Nébuleuse lumineuse

Il n’y a pas de lumière intense sans mystère ou sans énigme.

Bernard Bouin l’habille d’une intemporalité silencieuse dans laquelle se lovent réalité et illusion.

Il la peint et la suspend au temps . Le temps d’une vibration

Et que la lumière scintille ! Tel pourrait être l’adage de ce peintre pour qui tout semble être mirage. Il donne à la pureté de ses images , la couleur de l’embrun, la musicalité d’une symphonie silencieuse enveloppée d’une nébuleuse lumineuse .

Bernard Bouin plante un dramaturgie névrotique : l’insaisissable face à la réalité . Une réalité plongée dans le frémissement d’une nature à la fois menaçante et sensuelle . L’insignifiant  sublimé transforme les saisons, immobilise l’espace-temps alors qu’à l’échelle humaine « le promeneur » s’y perd. Devant l’immensité et l’incertitude de ce qu’il nous est donné à voir, reste le rêve éveillé, grotte souveraine peuplée de récurrences et de secrets. Peut-on aussi parler de voyage astral lorsque ces paysages champêtres ou urbains épurés se figent dans une chrysalide finement modulée ? A vrai dire, c’est dans l’inépuisable richesse du temps que Bernard Bouin s’amuse à rendre les scènes familières « étranges ». « Le quai », lieu immuable d’un présent pour un ailleurs , se mure dans un départ et une arrivée fragilisés. « L’allée » file à la lueur nocturne d’un lampadaire vers une mystérieuse source lumineuse quelque peu vaporeuse. Tout part du banal , de la petite « chose » sans intérêt confrontée brusquement à une atmosphère trouble dans lequel le temps n’est plus qu’une interrogation repliée sur elle-même .

Bernard Bouin lui donne une patine fine et dense avec ses dégradés subtils et des transparences de couleurs mettant en scène chaque élément aussi anodin soit-il.

Un art qui se perd au regard de notre technologie omnipotente .

Harry Kampianne – Arts actualités Magazine.

www.bernardbouin.com